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Nunzio
de Spiro Scimone
Traduction Jean-Paul Manganaro

 Édition Arche Editeur

Diaporama

Création 2009

Mise en scène
Christophe Laparra

Interprétation

Marc Mauguin

Christophe Laparra

Synopsis


Une nuit dans la vie de Nunzio et Pino. Dans la solitude d’un petit appartement, l’un, malade des poumons, rêve de la mer, l’autre toujours sur le départ, cherche à le (se?) rassurer. Deux humanités perdues dans le no man’s land industriel de l’Italie d’aujourd’hui.

Nunzio naît à la scène en 1993. Ce premier texte de Spiro Scimone, écrit dans le dialecte de sa ville natale, Messine, élabore déjà un théâtre constitué de petits gestes, de détails précis, parfois hilarants qui font toujours mouche. Les personnages ont quelque chose d’intemporel, tantôt cruels, tantôt candides. La rencontre des deux produisant un mélange explosif.

Dans cette pièce, deux hommes tentent de supporter la vie, c’est à dire l’ennui et la souffrance d’un quotidien pesant. L’égoïsme de l’un est perturbé par la gentillesse de l’autre. Mais aucun des deux n’a raison ou tort. L’écriture dramatique de Spiro Scimone ne juge pas, elle peint avec de jolis traits à la fois drôles et tendres ce qu’il reste de l’humain au milieu du désastre.

Réflexions générales sur le travail
 

Dans cette pièce, qui d’une réalité du quotidien glisse imperceptiblement vers un absurde tendre, nous assistons à l’échange de deux personnages solitaires qui cohabitent dans un même espace clos. Ces deux personnages laissent entrevoir une douleur dans leurs solitudes respectives. Mais si leur rencontre permet l’extériorisation de cette souffrance, en revanche elle ne leur offre pas la possibilité de la transcender. Car ici encore, comme souvent dans les duos, les deux personnages sont à la fois l’inverse et le reflet de l’autre. Il en résulte donc qu’ils se complètent et s’annulent en même temps : l’altérité ne peut s’incarner. C’est donc un monde sans transcendance possible que Spiro Scimone développe dans ses textes. Ici comme chez Beckett, l’espérance reste vaine. Néanmoins, grâce à l’écriture poétique et sensible de Spiro Scimone, toute l’humanité des personnages nous aura été révélée.

Auteur

Spiro Scimone


Spiro Scimone né en 1964 à Messine, ville portuaire et industrielle du Nord-Ouest de la Sicile, est avant tout acteur et fonde avec Francesco Sframeli en 1990 la compagnie qui porte leur nom. Spiro Scimone se met à écrire pour leur duo « non parce que j’avais besoin d’écrire », dit-il, « mais pour imaginer une partition à jouer, un matériau dont se saisissent le corps, l’âme et la voix afin de la transformer en langue de théâtre.» Quatre pièces naissent de leur collaboration: Nunzio (1993), Bar (1996), La Festa (1997), et Il Cortile (2004). Les quatre pièces de Spiro Scimone sont publiées à L’Arche. La critique italienne s’enthousiasme : elle évoque la cruauté d’Harold Pinter, le comique absurde et métaphysique de Beckett et la rudesse poétique de Fassbinder. Ses deux premières pièces reçoivent les plus belles distinctions tant pour l’écriture que pour l’interprétation. La notoriété des textes de Spiro Scimone dépasse très vite le cadre de leur pays d’origine pour conquérir l’Europe. En France, elles ont été jouées dans de nombreux théâtres, à Paris et en région.

Texte / extrait


Nunzio : Pino.
Pino : Qu’est-ce que tu veux ?
Nunzio : Qu’est-ce que tu me ramènes du Brésil ?
Pino : Toi, qu’est-ce que tu veux que j’te ramène ?
Nunzio : Un oiseau ?
Pino : Un oiseau ?
Nunzio : Oui, un perroquet.
Pino : Mais comment, un vrai ?
Nunzio :  Et quoi, un faux ?
Pino : J’te ramène  un perroquet avec des plumes colorées de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.
Nunzio : Et avec le bec rouge.
Pino : Ou jaune.
Nunzio : Non, rouge ça me plaît.
Pino : Rouge, alors.
Nunzio : Et je le veux qui parle déjà.
Pino : S’il parle pas, tu lui apprendras à parler.
Nunzio : Non. Je le veux qui parle déjà. Qui parle brésilien. Et je le veux aussi qui sait chanter. Il doit savoir chanter toutes les chansons en brésilien.
Pino : Et on l’appelle comment ?
Nunzio :  Pedro. Pedro do Brasil.
Pino : Alors, j’te ramène un perroquet mâle ?
Nunzio :  Non, même femelle.
Pino : Mais si on doit l’appeler Pedro.
Nunzio : D’accord, mais qui bordel comprend si le perroquet est mâle ou femelle ?
Pino : T’as raison !
Nunzio :  Parce que nous, qu’est-ce qu’on va faire ? On va l’emmener sur les places, on le fait chanter, les gens s’arrêtent pour le regarder et nous laissent l’argent dans le chapeau.
Pino : Il nous faut donc aussi un chapeau.
Nunzio : Le chapeau, c’est moi qui l’achète. Et l’argent que nous gagnons, on le partage en trois.
Pino : Toi, moi…
Nunzio :  Et Pedro.

 

Nunzio de Spiro Scimone

Note d’intention


Pénétrer une intimité réelle pour la transformer en une réalité fictive. Prendre possession de l’espace qui nous est proposé (la cuisine, la salle à manger) à tel point qu’au final les habitants eux-mêmes aient l’impression de se trouver chez Nunzio et Pino. Par la justesse du jeu des acteurs et des situations proposées, réussir à transformer le regard des habitants usuels du lieu dans lequel se déroulera le spectacle et par la même les sortir de leur réalité, voilà la proposition d’un théâtre à domicile basé sur la seule force de l’incarnation.

Production

Théâtre de Paille

 

Aide à la création

Conseil Régional de Picardie

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