Mémoires errantes
Huit variations sur la mémoire
Textes de Daniel Keene
Deux tibias, Kaddish, La pluie, Brève obscurité, Vespérale, Le premier train, Ce qui demeure, Une mort, Je dis je
Traduction Séverine Magois - Éditions Théâtrales
Création tous publics 2023

Mise en scène
Christophe Laparra
Interprétation
Christophe Laparra
Patricia Varnay
Production
Théâtre de Paille
Subventions
Conseil Départemental de L'Oise
en cours
LE PROJET
Une proposition artistique itinérante sur le thème de la mémoire et à destination des collégiens et des lycéens. Conçue pour se jouer dans les salles de classes, cette proposition théâtrale, pour une actrice et un acteur, est composée de huit monologues de Daniel Keene. L'actrice et l'acteur vont respectivement d'une salle de classe à une autre pour dire, conter la mémoire de femmes et d'hommes dont l'histoire intime résonne avec l'Histoire du monde.
HUIT MONOLOGUES EN SALLE DE CLASSE
Une femme ou un homme, vêtu d'un costume sobre, entre dans une salle de classe, une valise à la main. Il/elle s'installe dans la salle, sort un objet de sa valise et s'adresse aux élèves. À partir de cet objet, il/elle témoigne, raconte une histoire, son histoire ou celle d'un autre, d'une autre. L'histoire d'un veuf éploré par le récent décès de sa femme, l'histoire d'un vagabond qui a trouvé un enfant dans les poubelles, le récit d'une vieille femme qui raconte les derniers passages des hommes, femmes et enfants emportés par les trains de la mort, l'histoire d'une femme qui aimerait avoir quelqu'un à qui parlé, quelqu'un qui se contenterait de l'écouter sans rien dire, l'histoire d'une femme qui voudrait entendre à nouveau le son du violon de l'être qui l'a aimée sans être aimé d'elle, l'histoire d'un homme qui dresse la liste de ce qui demeure, l'histoire d'un homme qui conte le récit d'un enfant fuyant avec sa mère le sifflement du grand train noir, l'histoire d'une femme qui dis « je » pour dire « nous ».
LES TEXTES
Kaddish (kaddish) - 2001
Le monologue d'un homme dont la femme vient de mourir. Seul face à la misère de son existence, que reste-il encore à espérer ? Vivre n'est plus qu'une question d'habitude. Le lecteur / spectateur est confronté à la parole froide et lisse d'un personnage non pas révolté mais résigné, pour qui le souvenir reste l'unique refuge.
Deux tibias (two shanks) - 2001
Le monologue brillant d'un vagabond. Face à la ville et ses lumières, il défend ses ruines et ses étoiles. Lorsqu'il trouve, au milieu des poubelles, un petit corps qui bouge encore, il n'hésite pas à le mettre au chaud, dans la doublure de son manteau. Mais la nuit menace... Qui ouvrira les yeux sur le jour ? Une écriture dramatique bouleversante qui questionne notre humanité.
La pluie (the rain) - 2001
Le monologue d'une vieille femme qui raconte les derniers passages des hommes, des femmes et des enfants emportés par les trains de la mort. Les déportés lui confient les quelques souvenirs, les quelques bricoles qu'elle peut conserver, trier et dont elle voudra prendre soin, jusqu'à leur retour.
Brève obscurité (brief darkness) - 2003
Le monologue d'une femme qui raconte ses journées faîtes des petites choses, des évènements tous simples du quotidien. Elle se souvient de son père, s'allonge dans le silence, marche dans les rues, va à la bibliothèque.... Elle aimerait avoir quelqu'un à qui parlé, quelqu'un qui se contenterait de l'écouter sans rien dire.
Vespérale (vespers)
Le monologue d'une femme qui voudrait entendre à nouveau le son du violon sous les mains pâles et gracieuses de l'être qui l'avait aimée sans être aimé d'elle en retour. Aujourd'hui, dans la lumière diffuse de son esprit défaillant, c'est un être qu'elle désirerait reconnaître car peut-être que reconnaître c'est aimer.
Ce qui demeure (what remains) - 2003
Le monologue d'un homme assit à une table qui parle dans un microphone. Il lit des extraits d'une liste : sa maison, le jardin autour de sa maison, le passage des saisons, sa femme se brossant les cheveux, les mains de son fils lorsqu'il dort... Régulièrement, il lève les yeux de sa liste et pose des questions : Où est mon fils ? Où est ma femme ? Sont-ils morts ? Suis-je mort ?
Le premier train (jamais et toujours) (the first train – never and always) - 2007
Le monologue d'un homme assit sur un tabouret en bois qui nettoie ou répare des souliers d'enfants. Il raconte l'histoire d'un petit garçon qui vit seul avec sa mère. Un matin, l'enfant entend siffler un train, depuis la fenêtre de sa chambre, il le voit descendre la colline puis entrer dans sa ville. Sa mère le prend dans ses bras et court à travers la ville. Elle l'installe confortablement dans un carton. Couché dans l'obscurité de ce carton, l'enfant entend les pas de sa mère qui s'éloignent puis le sifflement du train qui s'éloigne de plus en plus, qui grimpe sur la colline.
Je dis je (I Say I) - 2011
Le monologue d'une femme qui se fait mémoire du monde et des hommes. Elle dit « je » pour dire « nous », et elle rappelle les souvenirs de ceux que nous avons croisés, embrassés, ignorés. Elle est ce qui nous a hante, et ce qui nous manque.
L'AUTEUR
Daniel Keene
Né en 1955 à Melbourne (Australie), il écrit pour le théâtre, le cinéma et la radio depuis 1979, après avoir été brièvement comédien puis metteur en scène. Cofondateur et rédacteur de la revue littéraire Masthead, il a également traduit l’œuvre poétique de Giuseppe Ungaretti.
De 1997 à 2002, Daniel Keene a travaillé en étroite collaboration avec la metteuse en scène Ariette Taylor. Ensemble ils ont fondé le Keene/Taylor Theatre Project qui a créé trois de ses pièces longues et une trentaine de ses pièces courtes (dont six ont été reprises au Festival de Sydney 2000).
Il a par ailleurs noué une fidèle relation de travail avec le réalisateur australien Alkinos Tsilimidos qui a porté à l’écran Silent Partner (2000), Tom White (scénario original – Festival international du film de Melbourne, 2004) et Low (sous le titre EM 4 Jay, 2006).
Au-delà de l’Australie, ses pièces on été jouées à New York, Pékin, Berlin, Tokyo, Lisbonne…
Nombre d’entre elles ont été distinguées par d’importants prix dramatiques et littéraires. Après une assez longue traversée du désert dans son propre pays, The Serpent’s Teeth (Les Dents du serpent) est créé par la Sydney Theatre Company, au prestigieux Opera House, en avril-mai 2008. À la suite de cette création, la Melbourne Theatre Company lui passe commande d’un texte, Life Without Me, créé en octobre 2010 dans le cadre du Festival international de Melbourne et unanimement salué par la critique. Daniel Keene recommence alors à travailler avec divers théâtres et compagnies autochtones. En janvier 2013, Cho Cho San, son adaptation de Madame Butterfly, est créée à l’Opéra de Pékin. En janvier 2014, le metteur en scène anglais Stephen Rayne crée à Sydney The Long Way Home, pièce inspirée des témoignages de soldats de retour d’Irak et d’Afghanistan, qui feront eux-mêmes partie de la distribution. En 2017, à la demande de l’Opera Victoria, il écrit un livret d’opéra adapté des Trois contes de Flaubert.
Depuis 1999, de nombreuses créations ont vu le jour en France, notamment : Silence complice (Théâtre national de Toulouse, octobre 1999 / Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, mars 2000, mise en scène Jacques Nichet) ; la pluie (Théâtre de la Commune, avril 2001, manipulation et jeu Alexandre Haslé ; nouvelle création au Théâtre du Lucernaire, octobre 2016) ; terre natale (Scène nationale de Blois, février 2002, mise en scène Laurent Gutmann) ; Terminus (Théâtre national de Toulouse, mars 2002 / Théâtre de la Ville - Les Abbesses, mai 2002, mise en scène Laurent Laffargue) ; La Marche de l’architecte (Festival d’Avignon 2002, Cloître des Célestins, mise en scène Renaud Cojo) ; moitié-moitié (L’Hippodrome, Scène nationale de Douai, janvier 2003, mise en scène Laurent Hatat) ; Ce qui demeure (sept pièces courtes, Maison des métallos, Paris, septembre 2004, mise en scène Maurice Bénichou) ; avis aux intéressés (Théâtre de la Commune, septembre 2004, mise en scène Didier Bezace) ; Puisque tu es des miens (Théâtre de l’Opprimé, Paris, novembre 2004, mise en scène Carole Thibaut) ; Objet perdu (trois pièces courtes, Théâtre de la Commune, mai 2006, mise en scène Didier Bezace) ; Cinq hommes (Théâtre du Passage, Neuchâtel, novembre 2006 / Théâtre de la Tempête, avril 2008, mise en scène Robert Bouvier) ; ciseaux, papier, caillou (Maison de la Culture d’Amiens, avril 2010 / Théâtre de la Colline, mai 2010, mise en scène Daniel Jeanneteau et Marie-Christine Soma) ; Un soir, une ville… (trois pièces courtes, La Coursive, Scène nationale de La Rochelle, novembre 2011 / Théâtre de la Commune, janvier 2012, mise en scène Didier Bezace) ; La Petite Trilogie Keene (trois pièces courtes, Comédie de l’Est, mars 2013, mise en scène Laurent Crovella) ; Cœur de pierre (trois pièces courtes, Théâtre national de Bruxelles, janvier 2016, mise en scène Mathias Simons) ; Photographies de A (Pulloff Théâtres, Lausanne, novembre 2018, mise en scène Ariane Moret) ; nuit, un mur, deux hommes (Théâtre d’Auxerre, février 2020, mise en scène Fanny Malterre) ; Trois hommes dans une bouteille (Le Pari, Tarbes, octobre 2021, mise en scène Antoine Marneur)…
Il écrit régulièrement des textes à la demande de compagnies et de metteurs en scène français : les paroles (Théâtres de Nîmes) ; la terre, leur demeure (Théâtre de Folle Pensée) ; Cinq hommes (Compagnie Stéphane Müh) ; Paradise (Compagnie du Soleil Bleu) ; Veilleur de nuit (Compagnie des Docks) ; Elephant People (livret d’opéra rock, compagnie Ouvre le chien) ; Le Souffle de K. et Le Dictateur et le Dictaphone (compagnie Les lendemains de la veille…) ; Ali et La Visiteuse (La Fédération [théâtre]) ; Dreamers (compagnie Tabula Rasa) ; Chère Juliette (Comédie de Valence) ; La Promesse (Compagnie du Réfectoire) ; Manon & Baptiste (compagnie Les Méridiens)…
Silence complice, Terminus, avis aux intéressés, le récit et Quelque part au milieu de la nuit ont également été diffusés sur France Culture.
Deux courts-métrages ont été adaptés de ses pièces courtes : Avis aux intéressés réalisé par Cédric Romain, et Marion (adapté de porteuses de lumière) réalisé par Nathalie et Raphaël Holt, avec Gisèle Casadesus et Alice de Lencquesaing.
En 2009, L’Apprenti, son premier texte jeune public, se voit décerner le prix Théâtre en pages, prix de la littérature jeunesse du Conseil général de la Haute-Garonne en partenariat avec le Théâtre national de Toulouse ; en 2014, il est distingué par le prix Théâtre à la Page (académie de Grenoble).
En mai 2010, il est l’invité d’honneur du 6e Salon du théâtre et de l’édition théâtrale, dirigé par François Leclère.
Daniel Keene a été plusieurs fois accueilli en France comme auteur en résidence : en septembre-octobre 2004, au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, à l’invitation de Didier Bezace ; en mai 2005, à Bordeaux, à l’invitation de l’Iddac ; en février 2007, à La Rochelle, à l’invitation du Centre Intermondes et du Théâtre de l’Utopie ; en mai 2015, puis en septembre-octobre 2016 et 2017 à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon - Centre national des écritures du spectacle, dirigé par Catherine Dan.
En 2016, Daniel Keene est nommé au grade de chevalier des Arts et des Lettres. Son œuvre, publiée pour l’essentiel aux éditions Théâtrales, est traduite et représentée en France et sur l’ensemble des territoires francophones par Séverine Magois.